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Voici neuf poèmes d’auteurs francophones du Canada.
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![]() beauté formolPoème coup de poing qui évoque la beauté et son absurdité devant la tragédie.
beauté formol
Chloé Savoie-Bernard
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![]() Ladyshave gri-griCe poème transforme un rasoir rose de femme en amulette afin de lutter contre l’appel de la drogue.
Ladyshave gri-gri
Jean-Sébastien Larouche
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![]() Le matin se lève...Les premières amours, les premières envies d’aimer se donnent à lire dans ces réflexions sur les rêves et l’éveil.
Le matin se lève...
Louise Dupré
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![]() J’ai pris un coup de luneUn peuple, des insectes et les éléments s’unissent dans ce poème tout en tension qui annonce le changement, le soulèvement.
J’ai pris un coup de lune
Anthony Phelps
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![]() On the road again 2La nature et la foi font ici l’éloge d’un nomadisme inséparable de la poésie
On the road again 2
Rita Mestokosho
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![]() Je t’écrisLe sentiment de dépossession en l’absence de l’être aimé.
Je t’écris
Gaston Miron
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![]() la spelling beeUn poème ludique qui souligne l’importance de la langue et de l’effet qu’ont les mots sur nous.
la spelling bee
Georgette LeBlanc
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![]() La romance du vinUne envolée sur l’art et la vie marquée par l’ironie. L'amertume du narrateur fait écho à ses appels à la gaieté.
La romance du vin
Émile Nelligan
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![]() La merLa mer se révèle majestueuse et amoureuse du ciel, à travers un regard contemplatif ancré à la terre.
La mer
Nérée Beauchemin
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Un poète pour déjeuner
Découvrez notre atelier de création de quatre semaines ainsi que la formule « Un poète pour déjeuner ». Peut-être trouverez-vous des poètes émergents dans vos classes ?

beauté formol
Chloé Savoie-Bernard
une réceptionniste deux fois une infirmière
un membre du personnel soignant et même
la médecin alors qu’elle avait les mains
dans mon sexe me défaisant de ma grossesse
chaque fois elles m’ont dit tu es belle
la jolie mademoiselle ritournelle ma beauté
chœur grec qu’annoncez-vous
ma beauté gun qui shine retourné contre ma tempe
alors vraiment je suis belle grand bien m’en fasse
ça me fait une belle jambe les chevilles coincées
dans les étriers un bébé mort en petits morceaux
entre les jambes tombe-t-il
qui le rattrape je suis belle le nez
qui coule les yeux qui braillent
il meurt il meurt je suis belle
est-ce que cela m’absout est-ce que
cela me sauve
cette
beauté

Ladyshave gri-gri
Jean-Sébastien Larouche
Certitude de solitude.
Que je niaiserais.
Totalement seul ce soir.
Coupé du monde
avec un rasoir rose.
De plastique rose.
Pour jambes de femme.
Rose.
Ladyshave gri-gri dans une main
pour les imprévus.
Un shooter de souvenir dans l’autre.
Bien pour rien.
Mais ils sont venus.
Les squelettes vaudous.
Peuplant la salle à dîner.
Bombant les murs du salon
à la canette. Plein de symboles blancs
mais magie noire.
Dans la cohue dans la fumée
je les vois rouler
copieusement des joints.
Et s’échanger seringues et malin.
Ils suçent leur moelle à la paille
ou avec un cinq piastres enroulé.
Ils crient. Ils tombent.
Sur leurs os débauchés.
Et ils baisent dans la chambre d’ami.
They just won’t leave me.
Alone ‘n’ neat.
La tête dans l’évier.
Mouillant ma face de dépit.
Le frottis de leurs os
m’agace
m’invite.
Ils s’excitent
à la vue de ma peau.
Ils tendent leurs bras secs.
Ils déploient leurs doigts froids.
Et ils griffent découpent
tout l’espace.
Et le temps aussi.
Pis.
Ils rient.
Basculant la mâchoire
frénétiquement.
Ils font semblant.
Le geste d’enfiler un manteau.
Les salauds.

Le matin se lève...
Louise Dupré
Le matin se lève toujours trop tôt
car le cœur ne vibre
que la nuit, dans le noir
recouvrant les rêves
un doux velours tendu
à la fenêtre, le verbe aimer
conjugué au futur
le contour d’une silhouette
encore inconnue
mais qui viendra un jour
dans ma vie
je la reconnaîtrai à ses lèvres
suspendues à la mer
ou à sa passion
pour les langues laissant chanter
leurs voyelles
Il faudra me fier à ces antennes
qu’on sent parfois sous la peau
ces frêles antennes
de papillon en éveil

J’ai pris un coup de lune
Anthony Phelps
J’ai pris un coup de lune
à force de veiller la naissance de l’aube
Les criquets scient le calme
de leur voix de fer-blanc
Un saxophone joue dans ma tête un air ancien
et les écailles de la mémoire
s’emboîtent et se rassemblent
Nous sommes les Araignées du soir
et nous tissons l’espoir avec le bleu du ciel
et le suc de nos mots
Sur les rayons de l’aube
nous secrétons un fil incassable et ténu
bleuté comme l’acier
car passé est le temps où nous filions la peur
Nous sommes les Araignées du soir
dévidant notre folle flamme
Le feu longtemps a hésité
sur l’humidité des brindilles
et longtemps en solo ont joué les ruisseaux
leur partie d’affluents
mais nous sommes arrivés
à cette époque d’avant la ponte
où les sources fatiguées d’enfanter des galets
rêvent d’herbes aromatiques
et de poissons zébrés d’argent !
Voici que dans cette heure
qui n’appartient plus à la nuit
chaque cellule de ma terre
bouge de vie nouvelle
et sur les grands chemins menant au cœur
les hommes de mon pays
les poings durcis les pieds lavés
et les filles d’eau pure
aux yeux couleur de poudre de cannelle
d’une démarche lente et lourde
montent vers le mapou s’assembler
pour la veillée commune
Accourez jeunes gens
c’est le temps de la flamme plus haute et verticale !
Nos gestes ne sont plus d’emprunt
les plus belles paroles
nous appartiennent désormais
car les mots délavés ont repris leur couleur
La terre n’est plus molle où s’enfonçaient nos pas
et la croûte durcie
crisse sa joie de rythmer notre marche
Nous sommes les Araignées du soir
tissant la vie nouvelle
le cœur allumé aux dernières étoiles
et dans le matin neuf notre baguette de sourcier
montre la nappe souterraine

On the road again 2
Rita Mestokosho
Je crois bien
sur la route, sur la mer
sur mes pieds
je scrute mes pas
qui avancent et reculent
par l’eau salée
par les rivières dénudées
par le gravier du coin
par les sentiers de mon cœur
mais surtout
c’est mon âme
qui sourit depuis ce matin.
Je crois bien
que le poème est la survie
de nos âmes nomades.
Ce soir j’irai me baigner
dans la sueur des gens,
et je nettoierai mes plaies
à même la chaleur des pierres.
Je chanterai en silence
par la seule force de ma pensée.
Je crois
que la prière est source de paix
elle voyage comme une amie
car elle parle en silence
le langage du cœur.
Elle ne demande pas
elle partage la profondeur
de l’instant.
Rita

Je t’écris
Gaston Miron
Je t’écris pour te dire que je t’aime
que mon cœur qui voyage tous les jours
— le cœur parti dans la dernière neige
le cœur parti dans les yeux qui passent
le cœur parti dans les ciels d’hypnose —
revient le soir comme une bête atteinte
Qu’es-tu devenue toi comme hier
moi j’ai noir éclaté dans la tête
j’ai froid dans la main
j’ai l’ennui comme un disque rengaine
j’ai peur d’aller seul de disparaître demain
sans ta vague à mon corps
sans ta voix de mousse humide
c’est ma vie que j’ai mal et ton absence
Le temps saigne
quand donc aurai-je de tes nouvelles
je t’écris pour te dire que je t’aime
que tout finira dans tes bras amarré
que je t’attends dans la saison de nous deux
qu’un jour mon cœur s’est perdu dans sa peine
que sans toi il ne reviendra plus

la spelling bee
Georgette LeBlanc
une spelling bee
c’est une affaire pour savoir
si ej pouvons coller des lettres ensemble
comme il faut
comme il faut
ça veut dire comme dans les livres
dans les logis du monde important
les autres apprenont les mots par cœur
parce qu’ils avont peur de les oublier
mais moi ej connais l’origine des mots
la maîtresse commande fleur
pis ma tête braque à buzzer
ej me perds dans un champ de pissenlits
les premières fleurs de serpent
la rosée d’hier matin
le train du bois qui se fait chacoter
Mississippi
des vallées de misère
trop de vase pour continuer
la sueur brune des roches bourdées
la parenté aux mecôques
ej me promène d’une lettre à l’autre
jusqu’à temps que ça colle
jusqu’à temps que sur ma langue
j’aie le gout du sucre
Pierrot dit qu’ej parais à moitié endormie
ma goule se rouvre collouse une miette
et le mot sort tout aisé
j’ai point dit mon secret à personne encore
mais Pierrot hier m’a appelée
ruche

La romance du vin
Émile Nelligan
Tout se mêle en un vif éclat de gaîté verte.
Ô le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en chœur,
Ainsi que les espoirs naguères à mon cœur,
Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.
Ô le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !
Un orgue au loin éclate en froides mélopées ;
Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
Percent le cœur du jour qui se meurt parfumé.
Je suis gai ! je suis gai ! Dans le cristal qui chante,
Verse, verse le vin ! verse encore et toujours,
Que je puisse oublier la tristesse des jours,
Dans le dédain que j’ai de la foule méchante !
Je suis gai ! je suis gai ! Vive le vin et l’Art !...
J’ai le rêve de faire aussi des vers célèbres,
Des vers qui gémiront les musiques funèbres
Des vents d’automne au loin passant dans le brouillard.
C’est le règne du rire amer et de la rage
De se savoir poète et l’objet du mépris,
De se savoir un cœur et de n’être compris
Que par le clair de lune et les grands soirs d’orage !
Femmes ! je bois à vous qui riez du chemin
Où l’Idéal m’appelle en ouvrant ses bras roses ;
Je bois à vous surtout, hommes aux fronts moroses
Qui dédaignez ma vie et repoussez ma main !
Pendant que tout l’azur s’étoile dans la gloire,
Et qu’un hymne s’entonne au renouveau doré,
Sur le jour expirant je n’ai donc pas pleuré,
Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire !
Je suis gai ! je suis gai ! Vive le soir de mai !
Je suis follement gai, sans être pourtant ivre !...
Serait-ce que je suis enfin heureux de vivre ;
Enfin mon cœur est-il guéri d’avoir aimé ?
Les cloches ont chanté ; le vent du soir odore...
Et pendant que le vin ruisselle à joyeux flots,
Je suis si gai, si gai, dans mon rire sonore,
Oh ! si gai, que j’ai peur d’éclater en sanglots !

La mer
Nérée Beauchemin
Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
La mer calme, la mer au murmure endormeur,
Au large, tout là-bas, lente s’est retirée,
Et son sanglot d’amour dans l’air du soir se meurt.
La mer fauve, la mer vierge, la mer sauvage,
Au profond de son lit de nacre inviolé
Redescend, pour dormir, loin, bien loin du rivage,
Sous le seul regard pur du doux ciel étoilé.
La mer aime le ciel : c’est pour mieux lui redire,
À l’écart, en secret, son immense tourment,
Que la fauve amoureuse, au large se retire,
Dans son lit de corail, d’ambre et de diamant.
Et la brise n’apporte à la terre jalouse,
Qu’un souffle chuchoteur, vague, délicieux :
L’âme des océans frémit comme une épouse
Sous le chaste baiser des impassibles cieux.
