
En fait,
je voudrais habiter sur une ligne
entre mon père et ma mère,
une maison mince avec juste ma chambre
et des provisions,
surtout des biscuits,
même pas cachés en dessous de mon lit,
avec deux portes
une en face de l’autre.
Je pourrais manger mes céréales chez un,
avaler une toast chez l’autre,
recevoir des câlins des deux
avant ma journée.
Je ne serais pas constamment en train de manquer
quelque chose,
d’avoir la sensation que le trou dans ma poitrine,
celui dans lequel mes peurs gravitent,
gagne en profondeur.
Véronique Grenier, « En fait… », Colle-moi, La courte échelle, 2020, p.25.