
j’ai passé ben du temps
au téléphone pour faire taire mes rêves
la planète était toute tendue
dans les couloirs des buildings
pleins d’ascenseurs qui crashaient
leurs directeurs de compagnies
dans les deuxièmes sous-sol de junk
j’avais la frayeur du sang et de la barrière
du son
une étoile électrocutait mon doigt
fêlé par un slapshot hier
le diable était dans le ruisseau
et je ne m’y baignais plus
je rêvais de californie
des gens sur qui je me trompais pas
de beaux chemins de fer et
de voir double
j’ai dit : un vieux monde ou
un nouveau monde
c’est juste la même merde
le même hachoir à viande
après
avec mon amplificateur sous le bras
dans les dunes de sable infecté
j’ai pleuré les morts
qui furent rien de plus qu’un râle
les garçons de la classe qui n’avaient
jamais brisé le cœur de personne
les cœurs sucrés
qui s’étaient échafaudés
dans le vide de l’agitation
je t’ai appelé :
pourquoi tu viens pas mourir
comme un train à mes côtés
me semble que tu goûtais
comme la glace sur les voûtes du monde
y reste rien
même que les cassettes pornos
touchent pas encore à l’absolu
même que le monde est petit
faque barre tes portes en partant
même que l’étincelle du bic
est cachée dans ton gâteau surprise
même que l’étincelle égorgeuse
se tapie dans les yeux des enfants
ma pièce de lune est en amour
Shawn Cotton, « j’ai passé ben du temps », Jonquière LSD, Éditions de l’Écrou, 2010.