
Un chant dans une nuit sans air...
La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.
... Un chant; comme un écho, tout vif
Enterré, là, sous le massif...
— Ça se tait : Viens, c’est là, dans l’ombre...
— Un crapaud! — Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle!
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue... — Horreur! —
... Il chante. — Horreur!! — Horreur pourquoi?
Vois-tu pas son œil de lumière...
Non : il s’en va, froid, sous sa pierre.
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Bonsoir — ce crapaud-là c’est moi.
Corbière, Tristan, « Le crapaud », Les amours jaunes, Paris, Gallimard, 1953 [1873].