Véronique Sylvain
Originaire du nord de l’Ontario, Véronique Sylvain habite à Ottawa, où elle a terminé une maîtrise en lettres françaises. Dans son premier recueil, Premier quart (Prix Trillium, 2020), la poétesse revisite le Nord, lieu de sa naissance, à travers le voyage et les souvenirs. Au long de son parcours, elle tentera de comprendre les drames et les réalités à l’œuvre dans le rude climat nordique. Elle sera ainsi ramenée à ses propres combats, à la solitude, à la tristesse, à l’angoisse, et à l’hiver qui invite à l’introspection. La nature et l’écriture lui permettront d’inscrire sa quête dans un vaste héritage familial et littéraire. L’écriture de Véronique s’inscrit dans la lignée des poètes établis (Robert Dickson, Patrice Desbiens, Michel Dallaire) et émergents (Sonia-Sophie Courdeau, Daniel Aubin) qui ont contribué à forger l’esthétique populaire du Nouvel-Ontario. En plus de se consacrer à différents projets artistiques (l’écriture de chansons, la photographie), Véronique occupe le poste de responsable de la promotion et des communications aux Éditions David depuis 2014.
Je ne lisais pas de poésie de façon régulière, lorsque j’étais à l’école primaire ou secondaire. J’ai eu le bonheur toutefois d’être bercée, assez tôt, par les textes de chansonniers tels que Gilles Vigneault, Félix Leclerc, Charles Aznavour, puisque mon père écoutait souvent la musique de ces artistes, à la maison ou à la ferme familiale. J’ai donc un peu découvert la poésie grâce à la musique.
Je me rappelle avoir lu et analysé, pour la première fois, en 10e année, avec fascination, « Le Vaisseau d’or » d’Émile Nelligan, poète québécois. J’ai découvert aussi, en 12e année, dans deux cours de français, l’œuvre d’Anne Hébert, poète québécoise, et de Patrice Desbiens, poète franco-ontarien. Encore aujourd’hui, la poésie d’Hébert et de Desbiens me va droit au cœur.
Assez tôt, j’ai développé un intérêt pour la musique. Vers l’âge de 14 ans, j’ai eu ma première guitare, puis j’ai commencé à jouer régulièrement de cet instrument. Quelques années plus tard, j’écrivais mes premiers textes de chansons. Dès mon entrée au secondaire, j’ai eu la chance de rencontrer un enseignant de français, également poète et auteur-compositeur-interprète, qui est devenu l’un de mes premiers mentors. Avec lui, j’ai écrit textes et musique pour quelques chansons. Il m’a fait réaliser que les textes de chansons pouvaient aussi s’apparenter à la poésie.
Je me suis rendu compte plus tard qu’en écrivant, les mots venaient souvent pour moi avant la musique. J’ai aussi compris que plusieurs de mes textes n’avaient pas toujours besoin de musique, puisque, grâce à la force des mots, à leurs sonorités, ils étaient aussi empreints de musicalité.
Lors de mes études postsecondaires et supérieures en lettres françaises, j’ai découvert l’œuvre de poètes (français, québécois, franco-ontariens, acadiens…) qui m’ont donné le goût, non seulement de lire davantage de poésie, mais aussi de m’en inspirer, de trouver ma voix/ma voie, puis de devenir moi-même poète.
Même si je griffonnais quelques textes poétiques ici et là, ce n’est que lorsque certains textes ont été publiés dans des revues et collectifs, puis dans mon premier recueil, en 2019, que j’ai commencé à m’affirmer davantage comme poète.
Les poètes arrivent à transposer, en mots et en images, le réel/le concret, les sentiments/les émotions, le beau/le laid, le commun/le bizarre. De laisser des traces d’expériences humaines et de les léguer aux autres qui les découvrent.
Je m'intéresse particulièrement non pas à la mémoire mais plutôt au déni de mémoire, au refus de se souvenir. Il y a aussi que les déchets et l'odeur des villes me fascinent.
« Je me réveille », de Patrice Desbiens.