soleil à son lever

chaque jour tu rattrapais la lune

qui fuyait

 

chaque jour tu approchais de mon silence

pour y mêler le tien

 

je me voyais poser la main sur une ombre

moi-même j’étais une ombre

sans paupières

 

nous étions notre propre désert

pierre au vif des sables

et source dans l’amour du monde

 

nous étions l’oiseau blanc

qui porte le nuage entre ses ailes

nous étions le vol et l’oiseau

fendant le ciel du regard

quand s’abolit la distance

et que renaît le feu

 

soleil à son lever

chaque jour tu rattrapais la lune

qui fuyait

 

nous étions la lune et le soleil

et la couleur qui soutient le ciel

et son commencement

 

nous étions lumière et ténèbres

nous étions la roue

qui assemble le jour et la nuit

 

nous étions l’homme la femme

et l’enfant que je voyais en toi

 

chaque jour tu approchais de mon silence

pour y mêler le tien

 

nous étions la totalité

des voyelles et des consonnes

que scellaient nos bouches de chair

 

nous étions le feu vif et la cendre

et nos propres décombres

 

nous étions tout ce qui n’eut pas lieu

et qui dure

Pour aller plus loin
  1. Ce poème d’amour ressemble-t-il à ce que vous envisagez être un poème d’amour ?
  2. Saïd a dit : « Je pense qu’être poète, c’est d’avoir une vision du monde extérieur mais aussi du monde intérieur. » Voyez-vous le jeu du monde extérieur et intérieur dans ce poème ?
  3. « chaque jour tu approchais de mon silence/pour y mêler le tien » est la deuxième strophe. Qu’est-ce que cela veut dire ?
  4. Travaillez votre récitation : Ce poème n’a aucune ponctuation, si vous deviez le réciter, comment fixeriez vous les blancs et les arrêts ? 
  5. Tentez une expérience de création littéraire :
    Avec un camarade, jouez au cadavre exquis mais avec une règle en plus : chaque vers doit débuter avec les mots ‘Nous étions’. La première personne écrit un vers qui commence avec les mots ‘Nous étions’ en haut de la feuille, puis plie la feuille pour cacher le texte et ensuite la deuxième personne fait la même chose et ainsi de suite jusqu’à ce que vous ayez un texte d’une dizaine de vers. 

Liens utiles

Lisez un entretien avec Amina Saïd fait en 2004 à Trois-Rivières.

 

Regardez Amina Saïd lire l’un de ses poèmes en 2013. 

 

Section « Pour aller plus loin » rédigée par
Bibliographical info

Amina Saïd « soleil à son lever », La douleur des seuils, Paris, Clepsydre/ La Différence, 2002.

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