Dominic Marcil
Dominic Marcil enseigne la littérature au cégep de Granby. Depuis une dizaine d’années, il a participé à de nombreux projets poétiques, publié plusieurs poèmes et textes en prose notamment dans les revues Exit, Moebius, Lapsus et Lieu commun, de même qu’un essai aux éditions du Noroît, Lire la rue, marcher le poème en 2016 (en collaboration avec Hector Ruiz). Récemment, il a collaboré au projet Délier les lieux, qui a abouti à une publication collective aux éditions Triptyque (2018), il a fait paraître Taverne nationale, et il a été finaliste au prix Geneviève-Amyot.
En plus du processus créateur et de sa place dans l’enseignement, il s’intéresse à l’art dans l’espace public et aux liens avec le territoire. Il apprécie particulièrement faire du langage un point de jonction entre l’intimité et l’espace, le lieu. Mais somme toute, il est inspiré par tout art décomplexé, qui explore sa propre liberté, peu importe le style, peu importe le genre.
J’ai commencé à m’intéresser à la poésie à l’adolescence, sans même le savoir. À cette époque, j’écoutais beaucoup de musique. Du grunge, des classiques du rock américain, de la chanson québécoise, un peu de tout. Les chansons qui m’interpellaient le plus étaient celles où je sentais une expression authentique, une voix forte. Au fond, c’est la poésie de ces chansons qui résonnait. C’est donc tout naturellement que j’ai été happé, en classe, par les textes de Nelligan, puis de Baudelaire. Je me souviens d’avoir été très impressionné par un enseignant qui récitait par cœur « Soir d’hiver ». Même si je ne comprenais pas toutes les images des poèmes que nous lisions en classe, je sentais que la plainte des poètes faisait écho à la mienne. Puis j’ai découvert Apollinaire, Char, Éluard, Miron... et tout un monde s’est ouvert.
J’ai commencé à écrire de la poésie au secondaire, par le biais d’exercices scolaires. J’aimais lire de la poésie, mais pas tellement en écrire à cette époque. Je préférais les genres narratifs. C’est plutôt au cégep que j’ai commencé à écrire de la poésie de façon plus régulière. En découvrant une poésie plus contemporaine, je comprenais progressivement qu’elle est l’espace de tous les possibles, et qu’il n’est pas nécessaire d’obéir à toutes sortes de contraintes (rimes, métriques, syntaxe, etc.) pour explorer une voix. Depuis ce temps, la poésie est toujours là quelque part, même dans les périodes où j’ai moins écrit. Quant à me concevoir comme poète, c’est plutôt récent, peut-être lié à une participation plus active à la vie littéraire. Mais honnêtement, j’en fais peu de cas.
Je ne crois pas que les poètes ont un travail, au sens productif du terme. Ils sont là pour explorer, à travers le langage, les possibilités de la vie. Là pour montrer qu’on peut exister de toutes sortes de manières. Là pour dire librement ce qu’on est, où l’on est. Mais surtout, là sans l’obligation de rien de tout ça !
Je ne saurais pas comment choisir !
Peut-être un poème de Baudelaire, de Saint-Denys Garneau ou d’Apollinaire, qui sont les voix qui m’habitent depuis le plus longtemps.