Mention de source
Normand Laporte, photographe

Biographie

Dès la fin des années 90, Jocelyn Thouin s’intéresse à la poésie comme forme d’expression publique. Sa poésie au verbe franc, truffée d’images brutales, résonne d’une voix forte et unique. Pour lui, la poésie doit être lue et entendue par tous et partout. Citant Miron : « Je suis sur la place publique avec les miens / La poésie n’a pas à rougir de moi / J’ai su qu’une espérance soulevait ce monde jusqu’ici. »

Aussi inspiré par Gérald Godin, Yves Boisvert ainsi que par tant de contemporains, Thouin récite sa poésie de Gatineau à Sept-Îles, de St-Venant-de-Paquette à Paris. Depuis 2007, il est engagé et reconnu sur la scène slam québécoise (compétition de poésie), tant comme participant redoutable que comme slammestre et animateur (Mc Cédille). Il organise également les soirées Micro Joliette et l’événement annuel Micro Lavaltrie Slamboree.

Son site internet : www.jocelynthouin.com.

 

Entrevue

Lisiez-vous de la poésie quand vous étiez à l'école ? Y a-t-il un poème en particulier dont vous vous souvenez ?

Au secondaire, je ne connaissais rien de la poésie. Je ne savais pas que l’on pouvait lire des poèmes sur scène, qu’il y avait des lieux et un public pour ça, un peu partout dans le monde. Dans mon petit village agricole, bien avant Internet, l’accès à une culture qui n’est pas de masse était quelque peu restreint. Bien sûr, je me souviens d’avoir lu « Le vaisseau d’or » dans un cour de français, mais cela ne m’a pas marqué outre mesure, ça me semblait distant. Toute forme de culture qui n’était pas musicale ou télévisuelle était distante, éloignée de moi.

Je me suis intéressé au texte et à sa capacité à porter des idées, à énoncer et dénoncer dans un contexte créatif par la chanson à travers quelques artistes québécois (Leloup, Vilains Pingouins, Plume), mais aussi en traduisant les textes de groupes de métal américains. En essayant de comprendre la musique que j’écoutais, j’ai découvert, un peu par hasard, le pouvoir infini des mots. J’ai compris que l’on pouvait les faire danser, jouer avec eux, les faire résonner. Qu’ils pouvaient user de force comme de douceur. J’ai aussi compris que l’on pouvait utiliser la création littéraire pour dénoncer autant qu’espérer.

Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai commencé à lire de la poésie, que je m’y suis intéressé sérieusement. Au secondaire, j’étais un poète qui s’ignorait. Traversant des années difficiles, j’aurais aimé pouvoir compter sur la poésie afin de pouvoir m’exprimer et me dépasser. En classe, je donne l’atelier que j’aurais aimé recevoir à l’époque. Des outils, de la confiance en soi et, évidemment, le plaisir de jouer avec la langue.

Quand avez-vous commencé à écrire de la poésie ? Et quand avez-vous commencé à vous considérer poète ?

J’ai écrit mes premiers textes vers 15 ans, dans le cadre d’une démarche d’écriture avec la Maison des jeunes du village (St-Félix-de-Valois). Je ne suis pas certain si j’écrivais un peu avant cela, mais ce projet, qui a mené à une publication, a clairement éveillé quelque chose en moi. Des gens m’ont lu, m’ont félicité pour mes écrits. Bien que je ne lisais pas de poésie, que je ne connaissais rien à la poésie contemporaine et n’étais en contact avec aucun poète, j’ai su à ce moment que l’écriture ferait partie de ma vie. Mais je ne savais pas à ce moment que l’on pouvait ÊTRE poète, que c’était un métier, autant qu’une vocation. Même que je ne me souviens pas avoir entendu parler de Gaston Miron avant sa mort. J’avais alors 18 ans.

Dans ces années-là, j’ai commencé à m’intéresser à la culture au sens large. J’écrivais de plus en plus, mais n’avais que peu de guides en ce qui concerne la poésie. J’ai lu à cette époque Baudelaire, Rimbaud, Saint-Denys Garneau, mais la poésie restait encore quelque chose du passé. Et je n’avais toujours pas assisté à une lecture de poésie, à un cabaret littéraire ou à tout autre événement du genre.

C’est à mon entrée au Cégep du Vieux-Montréal en Arts et lettres, concentration création littéraire, que j’ai su que j’étais un poète, que ça existait, que c’était au-delà du loisir. J’ai su, à ce moment, que je n’étais pas seul!

Note : N'ayant qu'une seule publication écrite accessible, voici quelques liens audios et vidéos:

https://soundcloud.com/jocelynthouinetpasdociles
www.youtube.com/watch?v=w5jHF32nKNs

https://www.youtube.com/watch?v=w5jHF32nKNs

 

 

Comment voyez-vous le « travail » des poètes ?

Il y a plusieurs voies au travail du poète. Je me concentrerai sur celle qui a le plus d’importance pour moi : l’observation.

 

Le poète est un être sensible, traversé par la vie qui l’entoure autant que par sa propre existence.

Il ressent le monde, le filtre, le transmet, l’écrit.

Il est à l’écoute de son temps autant que de l’instant présent.

Il sent le battement, le rythme de la vie.

Un peu beatnik, son cœur est sur la route chaque seconde.

 

Le poète est un allumé et c’est tant mieux.

C’est ainsi qu’il éclaire le monde!

 

Si vous deviez choisir un poème à mémoriser dans notre anthologie, lequel serait-ce ?

Juste un, c’est impossible!

Il y a Cage d’oiseau, d’Hector de St-Denys Garneau, que je connaissais par cœur à 18 ans et que je pourrais réapprendre en quelques minutes!

Je ne trouve pas toujours, de Louise Dupré, pour la simplicité, la précision, la force de son écriture.

Le Nord m’interpelle, de Joséphine Bacon, pour l’importance et la pertinence de sa parole.

Le vent joue avec moi..., d’Hector Ruiz, pour le rythme particulier de son écriture et le plaisir que j’ai à le côtoyer.

Et je suis loin d’avoir fait le tour!

Publications

Titre(s) du ou des poème(s)
Les bonnes valeurs, En route vers 2033
Titre
Slam poésie du Québec
Maison d'édition
Les éditions Vents d'Ouest
Sous la direction de
Pierre Cadieu
Date
2010
Type de publication
Anthologie
Start here: