
un musicien me demande
si le français se meurt
comme le cellulaire
sous-alimenté dans ma poche
ma langue se recroqueville
ma bouche se ferme à clé
mes oreilles se ferment
pour n’entendre
que moi
je suis fière
le dis en anglais
mes volets se referment
pour ne plus m’entendre
je parle la langue-du-peuple
je suis comédienne
dans un téléroman québécois
qui parle de séparation
je ne prends pas position
ma langue se replie en position fœtale
un poussin dans sa coquille
ma langue fait du limbo
entre les lignes bleues
de mon papier Hilroy
Sonia Lamontagne, « un musicien me demande », À tire d’ailes, Prise de parole, Sudbury, 2011.